La taille des plumes de vol, une question qui revient
encore et encore...

par Natacha Larivière, intervenante en comportement

Perroquet pleines ailes.

Notre Pablo chéri nous en a pourtant parlé abondamment de ce sujet, celui de tailler ou non les plumes de vol de nos 'tis amours à plumes. Il a fait la preuve indéniable que les perroquets étaient faits pour voler et amené tous les bienfaits d’avoir un oiseau qui possède ses plumes de vol. D’autre part, il a aussi fait la liste complète des risques encourus par nos Coco qui ont les plumes de vol taillées. Johanne est revenue à la charge à ce sujet dans son ouvrage "La tripolarité comportementale du perroquet", et pourtant la question de tailler les plumes de vol ou non revient encore et encore!

Pour avoir parcouru différents forums de discussion sur le Net, j’ai pu constater que cette question reste encore un sujet qui amène des débats chauds et houleux. La plupart du temps, quand les conversations deviennent trop serrées et que les risques de disputes deviennent imminents, les gens terminent leur conversation pour ne pas enflammer davantage la situation sur: "C’est le choix de chacun de tailler ou non les plumes de vol." Belle façon de sauver la face et de se retirer sans trop perdre de plumes, mais qu'en est-il de ce choix? Il n’y en a aucun. Je ne vois pas ce que l’humain peut faire comme choix, puisque ma foi, ce n’est pas lui qui est doté de ces outils qu’on appelle des ailes. De quel droit peut-il s’accorder ce... droit?

Au risque de choquer (je m’en excuse à l’avance), je crois que cela est dû au fait que nous humains avons toujours voulu contrôler et soumettre notre environnement à notre guise selon nos besoins et notre convenance. Souvent on se donne bonne conscience en évoquant des raisons de sécurité. Par exemple: l’oiseau va se percher sur le ventilateur au plafond, la personne qui possède cet oiseau se demande si elle peut tailler les plumes de vol de son Coco chéri pour éviter que celui-ci n’aille se poser sur la machine en question pour lui éviter un terrible accident!

Ara ailes ouvertes.

Bien, voyons donc! Ce n’est pas à Coco de se faire mutiler pour cela, c’est une fausse bonne raison. Dans un environnement où vivent des oiseaux, il ne doit pas y avoir d’objets qui peuvent blesser l’oiseau, ou s’il y en a, ils doivent être éteints ou hors de portée quand l’oiseau est en liberté. Une autre fausse bonne raison c’est: je coupe les plumes de mon oiseau, car je veux l’amener à l’extérieur l’été. Johanne nous a pourtant dit que même un oiseau dont les ailes sont taillées doit enfiler un harnais. L’instinct de fuite est plus fort que tout, l’oiseau risque de décoller quand même et d’aller s’écraser un peu plus loin au risque d’entrer en collision avec je ne sais quoi. J’ai vu aussi des gens qui cherchaient à restreindre la capacité de déplacement de leur oiseau afin d’éviter qu’il ne grignote les meubles, qu’il ne fasse ses besoins partout! Ho! La!la!la! Mieux vaut choisir un bibelot dans ce cas ou une peluche! Les oiseaux, ça bouge, c’est vivant, ce n’est pas fait seulement pour être regardé. Ces gens, au lieu de faire l’effort d’éduquer leur oiseau, ne veulent encore une fois que choisir la facilité.

L’oiseau ne doit pas être adapté à notre environnement, c’est nous qui devons adapter notre environnement à l’oiseau. Se montrer imaginatif, trouver des solutions durables qui pourront faire en sorte que notre perroquet pourra vivre heureux et en sécurité avec ses plumes de vol intactes plutôt que d’envisager la solution la plus facile! Se forcer un peu quoi! Ce que je viens de vous relater, ça implique de se remettre en question régulièrement comme humain. C’est le respect et l’acceptation de cette créature dans sa totalité. C’est un être qui vole et cela, nous ne pouvons pas le modifier. N’est-ce pas pour cela que nous avons choisi de vivre avec un tel animal, parce qu’il a cette faculté extraordinaire que nous n’avons pas? Si l’humain n’est pas prêt à accepter que l’oiseau est fait pour voler, il se doit, pour le bien de ce dernier, de porter son choix vers d’autres espèces animales.

Tant que l’humain voudra contrôler son oiseau au lieu de tenter de vivre avec lui tout simplement, la fameuse question sur la taille des plumes de vol reviendra encore et encore! Il faut arrêter de se cacher derrière de fausses bonnes raisons et faire l’effort de donner une chance à ces créatures de nous démonter de quoi elles sont capables réellement en possédant leurs pleines facultés.

 

 

© Natacha Larivière 2005

Photos
Ariane, cacatua moluccensis, Christine Cadoux
Fiona, ara ararauna, Laurianne Paquette