L’humain, langue seconde
Mais oui, le perroquet est en quelque sorte bilingue; pas parfaitement bilingue, mais bilingue dans la mesure où il peut arriver à comprendre le langage humain et communiquer dans cette langue qui est loin d’être sa communication naturelle. Ainsi, le perroquet peut arriver à interagir avec un humain en apprenant quelques rudiments de base de la langue de ce dernier et en utilisant des sons (mots) porteurs de sens. Le contraire est peu probable (aucun humain ayant appris le langage perroquet n’a été répertorié à ce jour).

L’attrait de communiquer à la manière de la communauté ‘dominante’ humaine fait partie de l’instinct d’intégration qui découle directement de l’instinct grégaire.

Le perroquet qui partage notre vie ainsi que celle d’autres perroquets est réellement plurilingue du fait qu’il vit dans une société biculturelle où le bilinguisme (humain / perroquet) devient essentiel (s’il en a la capacité) à son intégration dans les deux groupes. Comme le langage humain est souvent considéré comme le dialecte dominant, les perroquets s’interpellent souvent entre eux en l’utilisant. Souvent, ce genre de comportement ressemble plus à des joutes oratoires. Les perroquets s’envoient réciproquement à la tête tout leur répertoire humain sans se soucier du sens des mots et de la communication des bonnes informations; les sons ne veulent plus rien dire et sortent pêle-mêle. C’est à celui qui réussira à avoir le dernier mot… humain!

‘Le langage, avant de signifier quelque chose, signifie pour quelqu’un.’ – Jacques Lacan

Plusieurs facteurs induisent notre choix dans la volonté de vivre avec un perroquet, mais là où ce merveilleux animal nous fascine le plus, c’est cette faculté qu’il a de reproduire la voix humaine et de communiquer avec nous dans notre propre langage. Dans la réalité, c’est malheureusement une très mauvaise raison. Malgré le fait que presque tous les perroquets puissent parler, seul un faible pourcentage d’entre eux s’exécutera de bonne grâce.

C’est dommage, c’est une des principales doléances que je reçois par courriel ou téléphone de la part d’humains qui sont déçus de leur perroquet: ‘Il ne parle pas!’  Pourtant, ces oiseaux ont tellement plus à nous apporter que le simple fait de nous divertir en jacassant. Je n’ai personnellement jamais mis d’emphase sur les facultés langagières de mes oiseaux. Aucune session d’entraînement, aucune attente ni aucune demande. Si certains de mes perroquets ont un vocabulaire élargi, c’est tout simplement qu’à la maison je parle constamment: je raconte, j’explique, divague, chante au gré des situations et de mes fantaisies et ce n’est que de là que provient leur lexique.

Mes oiseaux sont bien, libres et, je crois, satisfaits dans leur environnement. Cette interaction leur donne envie d’apprendre à communiquer avec moi, mon mari et quelques fois des invités (pas toujours). Malgré que leur premier choix soit généralement de communiquer en ‘mode perroquet’, ce qui est ma foi tout à fait normal, ils consentent quand même à faire l’effort de s’adresser à nous dans notre propre langage. Ils en sont peut-être venus à la conclusion qu’ils ont plus de chances ainsi de se faire comprendre des êtres limités que nous sommes… et ils auraient bien raison!