Un animal proie
Le perroquet est un animal proie, c'est-à-dire qu’il est génétiquement conçu pour servir de repas à un autre animal (outch!), et ça, c’est une règle élémentaire qu’il connaît dès sa sortie de l’œuf! Le perroquet n’est pas un animal qui agresse, bien au contraire. Il n’est pas programmé pour affronter l’adversité ni pour confronter ses peurs. Il ne sait pas attaquer, s’il se sent menacé, il s’envole tout simplement, il attend que tout danger soit écarté et s’il en a envie, revient vers son perchoir initial. Même si le perroquet est né en élevage (EAM), il n’en demeure pas moins que son statut naturel est celui d’animal proie et que toute sa construction physique et mentale, ses instincts, ses émotions ainsi que ses réactions sont le résultat de cet état.
Il possède donc une foule de comportements innés adaptés à cette condition très particulière, entre autres, la fuite, le comportement d’abandon face à une menace.
La fuite
Il y a une grande différence entre les comportements des animaux prédateurs et ceux des animaux proies. Nous humains savons de façon naturelle et intuitive comment nous comporter et communiquer avec les chiens. Tout comme nous, ce sont des chasseurs. Nous avons beaucoup en commun: la vision binoculaire, nous savons traquer, attaquer et nous défendre. Nous sommes des animaux prédateurs et l’instinct de confronter la menace nous est concevable en tant que réaction primaire. La fuite vient en second lieu si nous ne nous jugeons pas de taille face à un agresseur trop balèze pour nous.
Chez notre perroquet, c’est l’inverse qui se produit. Sa première option est la fuite, il ne sait ni attaquer ni se battre et s’il doit se défendre, c’est le cerveau gauche qui sera sollicité. L’oiseau se alors trouve démuni, émotionnellement incapable de réfléchir ce qui engendre un grand état de panique. Le tout se passe sous une énorme poussée d’adrénaline et l’oiseau se débat dans un état de confusion et de terreur totale.
Ainsi donc, la logique des réactions humaines et canines est tout à fait opposée à celle des perroquets. Il est important de tenir compte de cette énorme différence dans notre relation et notre mode de communication avec notre oiseau. Voilà entre autres pourquoi les méthodes "d’éducation" utilisées avec le chien ne peuvent garantir de résultats avec le perroquet: l’un est prédateur et l’autre proie. Chez le perroquet, la sécurité est la possibilité de pouvoir fuir. C’est un mode de défense secondaire Les modes de défenses du perroquet (en présence d’un danger), sa principale stratégie de survie et la seule vraiment efficace dans son habitat naturel de perroquet.
Pour fuir, le perroquet doit encore en avoir la possibilité
Le perroquet doit pouvoir réagir naturellement face à un danger
réel ou imaginaire.
Il est farouche et de nature très méfiante, il s’inquiète de
tout ce qui lui est inexploré ou de toutes attitudes qui peuvent
s’apparenter à un geste de prédation. Tout élément nouveau,
étranger ou inhabituel est de prime abord une menace. Le
déclencheur peut être un stimulus visuel comme la vue d’un
prédateur (étranger ou nouvel objet dans son environnement) qui
initialise l’instinct de fuite chez l’oiseau, et ce, même si
Coco a les plumes de vol taillées.
La fuite implique toujours l’envol chez les perroquets. Même si les très grandes espèces telles l’ara ou le cacatoès se servent très peu de ce mode de locomotion dans nos maisons (espace souvent trop réduit pour une si grande étendue d’aile), le seul fait qu’ils puissent s’envoler face à une menace sert à renforcer leur sentiment de sécurité dans leur environnement. La taille des plumes de vol (encore beaucoup trop répandue de nos jours) peut s’avérer une opération cruelle, mutilante et infiniment dommageable pour ces oiseaux. Contrairement à la croyance populaire qui laisse entendre qu’on doive tailler les plumes de vol pour éviter les accidents chez nos perroquets de compagnie, la plupart des infortunes qui surviennent à ces derniers sont en grande partie dues à cette pratique (barbare) de la taille des plumes de vol.
- Plumes immatures brisées (plumes de sang)
- Bec lézardé ou brisé
- Bréchet fendu ou cassé
- Commotion, etc.
Il faut comprendre que même si ses plumes de vols sont raccourcies, la fuite demeurera la première réaction instinctive de l’oiseau face à un danger. Il tentera de s’envoler et risque de se blesser sévèrement en frappant un mur, un coin de meuble ou en tombant par terre. Un perroquet qui ne peut se mouvoir à son aise se sent vulnérable et devient anxieux, craintif et risque de développer une impuissance acquise et des comportements non désirables tels hurler, mordre allant même jusqu’à l’automutilation.
Si vous décidez tout de même de tailler les plumes de vol de votre perroquet, faites-le dans le but de le ralentir et non pas de l’handicaper.
La proie de compagnie
Le perroquet domestique demeure une proie avec les instincts et comportements qui définissent sa condition et puisqu’on parle ici d’attitudes innées, cet état est donc immuable. Par contre, le perroquet est un animal intelligent qui peut apprendre à adapter ses instincts; apprendre à reconnaître ce qui n’est pas une menace dans son environnement "humain" et ainsi, à contrôler ses frayeurs et les réactions automatiques qui y sont rattachées. C’est encore à l’humain que revient la tâche de socialiser son perroquet dans ce milieu factice dans lequel il aura à évoluer, d’enseigner à son oiseau à distinguer les vrais "épouvantards" des faux ou des imaginaires.
En rafale
- Vous devez éviter les gestes qui s’apparentent à un acte de prédation.
- La présentation d’un inconnu doit se faire loin de sa cage, ou mieux encore, aménagez un endroit sécuritaire (idéalement en hauteur) d’où l’oiseau ne se sentira pas menacé.
- Choisissez un endroit sécurisant où poser la cage du perroquet, de préférence dans un coin d’où il n’aura qu’à surveiller ce qui se passe devant lui, ses arrières étant protégés - surtout pas devant une grande fenêtre (les prédateurs naturels viennent généralement du ciel).
- La sécurité de l’oiseau passe par la connaissance de son territoire. Faites-lui visiter un à un (et souvent) les appartements de votre maison.
- N’isolez jamais votre perroquet de son groupe social (votre famille). Pour lui, c’est encore sa meilleure garantie de sécurité.
© Johanne Vaillancourt 2003 - 2009
Photos
1 et 2 Arianne, cacatua moluccensis, Christine Cadoux
Jade, psittacus erithacus erithacus, Catherine Chenail