Il y a quelque temps, lors d’une journée de travaux pratiques sur le terrain avec mes étudiants, nous avons été conviés chez des clients aux prises avec de réels problèmes de cohabitation avec leurs six perroquets; en l'occurrence, deux gris du Gabon, un cacatoès Alba, un ara sévère et surtout, l’incontournable duo de cacatoès à œil nu (bared eyes).
À notre arrivée, les clients étaient motivés et surtout bien préparés à notre intervention. À ce sujet, ils nous avaient rédigé une petite liste non exhaustive décrivant les "problèmes du comportement" qui leur semblaient les plus pressants (pour les autres problèmes en tous genres, nous verrons plus tard, nous ont-ils dit).
Je vous soumets ici une partie de cette liste effarante:
Les cacatoès à œil nu (2 mâles)
- Cesser de ronger la porte du salon.
- Pouvoir s’asseoir à la table.
- Pouvoir aller au salon.
- Pouvoir passer dans la cuisine sans se faire mordre.
- Pouvoir mettre des chaussures plus adéquates sans se faire mordre les mollets.
- Pouvoir les regarder dans les yeux sans se faire sauter dessus et se faire mordre.
1er perroquet
Pouvoir réussir à l’attraper sans qu’il nous attaque.
Réussir à prendre le 2e oiseau sans qu’il nous agresse.
Pouvoir le prendre sur nous lorsqu’on le sort de sa cage.
Ne pas qu’il attaque le 2e oiseau quand il est frustré.
Il est gentil et sans aucune raison il nous mord au
sang.
2e perroquet
Ne pas qu’il agresse les gris du Gabon.
Il a un sérieux problème de picage.
Lui montrer à jouer sans qu’il ne frustre.
Ara sévère (femelle)
- Qu’elle cesse de hurler! La faire relaxer pour nous relaxer.
- Ne pas qu’elle attaque les visiteurs.
- Madame: ne pas qu’elle m’agresse quand je passe près d’elle.
- Madame: ne pas qu’elle m’attaque quand j’interviens auprès des autres oiseaux.
- Ne pas attaquer les autres oiseaux.
Gris du Gabon (mâle et femelle)
- Ils nous mordent au sang (tous les deux).
Et la liste s’allongeait encore et encore. Dur, dur d’être un amateur de perroquets!
Dans le cadre de cette consultation, les perroquets avaient entièrement investi le territoire-maison en le subdivisant en tous petits territoires individuels que chacun des oiseaux ou couples se sentait en devoir de protéger farouchement. Un vrai Bronx aviaire où chaque bande faisait régner sa loi. Les oiseaux se bagarraient entre eux pour la défense de leurs petits coins de territoire respectifs et les pauvres humains étaient relégués dans les territoires non convoités par les oiseaux. Quelle pagaille!
Cette guerre de territoires se déroulait plus précisément dans la cuisine et dans la salle à manger, pièces dans lesquelles les humains étaient considérés "persona non grata". D’ailleurs, c’est au moment où ces derniers m’ont informée qu’ils n’osaient plus prendre leur repas à table depuis plus de deux ans, sous peine de représailles de la part du couple de cacatoès à œil nu (les caïds de l’endroit), que j’ai vraiment su mesurer l’ampleur du problème de ce pauvre couple "ghettoisé" dans sa propre maison.
Le découpage des territoires se faisait comme suit
- Les deux cacatoès à œil nu avaient monopolisé un coffre près de la table dans la salle à manger à l’intérieur duquel les plus que conciliants humains avaient aménagé une autre boîte (cachette), ainsi que disposé plusieurs jouets. Impossible de passer près de la table sans subir le douloureux courroux des cacatoès.
- Près de la porte de la salle à manger était installée la cage de l’ara sévère. Tout à côté, nos complaisants humains avaient aménagé une autre boîte pour le bon plaisir du petit ara. Il engageait les hostilités à tous ceux qui osaient s’en approcher à moins d’un mètre: oiseaux, chiens et humains inclus.
- Ce charmant petit ara sévère avait aussi investi un
territoire-humain en la personne de l’homme de la maison. L’ara
attaquait sa conjointe, les invités et souvent les autres
oiseaux et chiens de la maisonnée qui s’avisaient de s’avancer
vers cet humain chouchou.
- Les gris du Gabon monopolisaient les hauteurs de la pièce, grâce encore une fois à l’affabilité de leurs humains qui avaient aménagé, à leur intention, une panoplie de cordages et de perchoirs suspendus à partir du plafond.
- De plus, le comptoir de la cuisine, historiquement neutre, était une prise durement et nouvellement conquise par les gris d’Afrique.
- Seul notre pauvre cacatoès Alba n’avait pas de domaine défini et tentait, tant bien que peut, d’éviter les territoires des uns et des autres, en essayant de se rendre du point A au point B sans y laisser trop de plumes.
La guerre des gangs
Le gang en puissance sur tout le territoire était sans contredit celui des cacatoès à œil nu, qui ne se contentait pas de protéger ses acquis, mais cherchait sans cesse à conquérir de nouveaux champs d’action à l’intérieur de l’espace cuisine / salle à manger. Ainsi, armoires de cuisine, dessous de la table, plancher de la salle à manger et mur avec la grande fenêtre panoramique donnant sur la rue étaient entièrement passés sous leur contrôle. Ils avaient le monopole sur tout le territoire du bas cuisine /salle à manger et reluquaient dorénavant les territoires du haut appartenant au gang des gris. Seul le territoire salon avait été préservé par les humains grâce à une porte coulissante en bois qui leur servait de barricade. D’ailleurs, à notre arrivé, cette dernière était très mal en point et sur le point de succomber à ses blancs assaillants.
L’appât du gain faisant loi, le gang des cacatoès, tels des gangsters, faisait régulièrement des tentatives de "putsch" dans les territoires du haut (qui étaient sous la gouverne du gang des gris du Gabon). Ce dernier défendait son espace du mieux qu’il le pouvait, y laissant chaque fois quelques rectrices et une parcelle de son territoire. De plus, le gang des cacatoès s’acharnait de façon régulière sur la boîte de l’ara sévère et, comme il n’y avait rien à conquérir chez le cacatoès Alba, il se contentait de le pourchasser et de lui faire la vie dure à travers tous les territoires de la maison, même ceux qui n’étaient pas encore convoités. Les cacatoès à œil nu étaient maîtres de guerre sur tout le territoire maison.
Ces cacatoès étaient de véritables despotes, toujours en quête d’une victime ou d’un emplacement à annexer à leurs prises déjà existantes, et les humains ne faisaient pas exception à la règle. Ces derniers ne devaient en aucun cas s’attarder dans le Bronx des cacatoès (cuisine/salle à manger). Ils ne disposaient que d’un très mince droit de passage et le sauf-conduit était toujours de durée très limitée. Les humains de la maison n’avaient pas non plus la permission de regarder directement les cacatoès du gang. S’ils avaient le malheur de relever les yeux en leur présence… ils avaient immédiatement droit au châtiment des roturiers…"Croc!"
L’analyse fonctionnelle
Lorsque je rencontre ce genre de situation, mon admiration pour les cacatoès exulte… Quelle finesse dans l’intelligence! Quelle capacité d’adaptation dans un monde si éloigné de celui leurs ancêtres! Naturellement, le plus difficile demeure toujours pour moi de réfréner ce petit sourire béat de dévote apologique et de prendre le ton "correct" de sollicitude envers mes clients. Ne vous méprenez pas ici, ce n’est pas de la dérision de ma part, car… je sais qu’en fin de consultation ce petit problème de "gangstérisme" sera résolu et qu’on en rira tous ensemble (si les humains se montrent coopératifs… bien entendu).
La première chose qui sautait aux yeux dans cette maison, vous allez rire, mais c’était la bonté et la douceur qui se dégageaient du couple (humains). Cette bienveillance envers leurs oiseaux, cet amour et surtout, ce désir de leur plaire, de ne pas les contrarier de peur qu’ils en soient "malheureux", était ici la seule et unique raison de cette chamaille qui perdurait. Ces individus débordaient d’attention envers leurs perroquets. Ce sont de ces personnes qui aiment beaucoup, mais qui aiment mal.
Je m’explique: les perroquets jouissent d’une pleine liberté lorsque les humains sont à la maison, ce qui est excellent. Mais dans leur désir de rendre leurs oiseaux heureux, ce couple s’est oublié et à nourri cette rivalité naturelle des perroquets, au point ou ça en en affecté sérieusement la qualité de la cohabitation au sein du groupe social qu’il compose avec leurs oiseaux. Ces derniers sont, vous le savez, des animaux très intelligents, mais pas très flexibles question compromis, surtout s’ils ne sont pas absolument indispensables à leurs besoins ou à leur bien-être. Ils vivent l’instantanéité du moment, comme leur génétique le leur prescrit puisqu’ils n’ont jamais appris à agir autrement. En bref, cela veut dire que ces oiseaux ne sont que des garnements mal socialisés!
L’absence d’une (bonne) socialisation chez nos perroquets de compagnie, ce qui implique, quelques limites et règles de conduite raisonnables, ne les rend pas heureux, bien au contraire. Comme ils n’ont pas appris à correctement se comporter socialement, ils développent (souvent au détriment d’autrui), des comportements qui semblent fonctionner pour eux, et ils réitèrent (le plus naturellement du monde) ceux qui leur rapportent des avantages, ceux qui leur semblent favorables. Puis, suite à une bêtise (du point de vue de l’humain), aucune sanction ne peut avoir prise sur eux, puisqu’ils ne reconnaissent pas (bêtement) avoir agi de manière répréhensible. Si une punition est imposée, elle s’impose alors tel un évènement inattendu, soudain dont ils ne comprennent tout simplement pas la raison. À ce point, puisque le perroquet est un animal intelligent, il se rebiffe et tente d’imposer ses propres règles, puisqu’il n’en connaît pas d’autres et que celles-ci ont toujours rapporté les dividendes escomptés.
Un cycle infernal alors s’installe: bêtise…punition…re- bêtise
et…re-punition!
Ici, les humains ont besoin d’aide tout simplement parce qu’ils
n’ont pas l’objectivité nécessaire pour être en mesure de bien
analyser la situation.
Le résultat fut délirant: les perroquets ont développé beaucoup d’insécurité face à leur environnement, et en sont arrivés à se créer des frontières à l’intérieur de leur territoire (la maison) en tentant de "protéger" ces espaces qui ont pris graduellement la forme de territoires sécurisants d’où étaient exclues une à une les figures irritantes.
Au fil du temps, il s’est installé une forme de "distorsion de la pensée" chez les oiseaux. Le manque de repères et l’inconstance dans la socialisation (éducation) ont fini par créer des déformations dans le mode de représentation de l’oiseau face à la justesse de certaines situations de son environnement. Disons, qu’il ne perçoit plus le monde autour de lui tel qu’il est, mais plutôt tel qu’il se le représente. À ce point, ses pensées ne sont plus rationnelles, mais automatiques.
Les pensées automatiques sont celles qui s’imposent d’elles-mêmes, elles ne sont pas raisonnées. Dans cette maison, il n’y avait aucune raison logique à l’implantation de tous ces territoires et surtout pas à ce débilitant comportement d’hyper protection de ces derniers. Ce sont des attitudes qui se sont installées graduellement et qui ont fini par s’incruster, et ces dernières découlent probablement, du fait d’un seul individu dans le groupe, et la nature allélomimétique (imitation des individus du groupe) du perroquet a fait le reste du travail, tant et si bien que finalement, tout le groupe a fini par acquérir ce mode de pensée déraisonnable voulant que la sécurité passe par la protection de son petit territoire à soi.
Ici les perroquets se sont donné une charge de travail colossale à ainsi surveiller et protéger leurs territoires. La notion de jeu et de liberté ne faisait plus partie du mode de vie de ces oiseaux. Ils devaient, pour quelques obscures raisons… protéger des limites territoriales, autres que leurs cages…Un travail à temps plein!
Il fallait donc corriger le déséquilibre qui s’était installé en restructurant les schémas de pensée des oiseaux, les réformer pour permettre à de nouveaux comportements plus adaptés de s’installer. Naturellement, pour ce faire, il a fallu travailler sensiblement les mêmes conceptualisations chez les humains: tenter de leur faire comprendre que c’était leur attitude (à eux) qui engendrait et entretenait les comportements territoriaux de leurs bestioles à plumes.
Comme il n’était pas question de défaire l’organisation structurelle de la maison, j’ai décidé de laisser le coffre ainsi que la boîte aux cacatoès, puisque ces derniers servaient aussi d’aires de jeu, mais par contre, j’ai recommandé aux clients de retirer la boîte cachette de l’ara qui lui servait aussi de nid (elle y avait pondu récemment), ce qui, bien entendu, exacerbait terriblement ses comportements territoriaux.
Au boulot!
Avec l’aide des étudiants, on a démarré le bal avec les cacatoès (les leaders du groupe), puisque ces derniers étaient si dissipés qu’ils auraient compromis toute tentative de travail avec quelque autre oiseau de la maison.
Nous avons commencé par nous asseoir tous ensemble autour de la
table de la salle à manger, siège névralgique du territoire des
cacatoès. La réaction fut immédiate et les assauts se mirent à
fuser de toutes parts. J’ai désigné deux étudiants
pour prendre les deux cacatoès (à œil nu)
avec eux.
Puis ces étudiants ont commencé par caresser les oiseaux tout en
leur offrant des douceurs, ce qui fut accepté en moins de deux
par les cacatoès qui en redemandaient. Naturellement, les
comportements d’agression territoriale refaisaient surface à
tout moment et il fallait être très attentif si on voulait
conserver ses doigts en bon état. Le but ici était de démontrer
aux oiseaux qu’il y avait beaucoup d’avantages à être coopératif
(caresses et gâteries) et que les humains, autant invités que
résidents, pouvaient leur apporter beaucoup de plaisir (ce
qu’ils avaient manifestement oublié depuis un bon moment déjà).
Sur ce point, les clients avaient absolument besoin d’une aide
extérieure, puisqu’ils avaient au fil du temps développé une
réelle crainte de leurs oiseaux et se refusaient à les prendre
sur eux ou les manipuler.
Puis, nous avons invité tous les autres oiseaux, ara, gris et
Alba compris à venir partager un repas à la table de la salle à
manger en compagnie des cacatoès à œil nu.
Tous étaient plus que ravis: imaginez la scène… de la pizza... dans un territoire qui était soudainement devenu neutre… la table.
Quel bonheur de ne pas avoir à surveiller constamment ses arrières! Tous les oiseaux ont cohabité de façon très pacifique pendant toute la période du repas.
Après le déjeuner, nous avons entrepris de travailler de la même façon avec l’ara et les gris du Gabon en compagnie de leur groupe d’étudiants attitré, tandis le premier groupe continuait de réinventer la notion de jeu et de plaisir pour les cacatoès à œil nu en s’amusant à différents jeux avec eux.
Puis, nous avons réuni tous les oiseaux et mélangé les territoires afin que tout un chacun comprenne bien que dorénavant, la salle à manger et la cuisine étaient devenues des territoires communs à partager, autant avec les oiseaux qu'avec les humains.
Déjà, dans la tête des perroquets, d’importantes modifications de la pensée commençaient à se faire: ils semblaient plus insouciants et collaboraient joyeusement aux exercices de jeux et de manipulations.
Une fois que les bêtes à plumes eurent bien compris le principe des nouveaux arrangements, il restait encore les clients "humains" à convaincre…!
On a commencé par faire des exercices de manipulations avec les cacatoès à œil nu: caresses, gratouilles, jeux, faire le Bunny Up, le bébé, le mort, etc. Les clients et les oiseaux se prêtèrent avec entrain à ces exercices, et la méfiance et la crainte se dissipèrent graduellement dans la tête des deux parties.
On s’échange les oiseaux, on les prend les deux ensembles, des bisous, des gâteries, tous sont heureux de cette volte-face si spectaculaire… mais ô combien prévisible. Puis on fait de même avec les autres oiseaux, et l’ara, si exclusif dans ses amours, se laisse prendre au jeu et accepte plaisamment d’être manipulé par la cliente (qui pourtant n’avait jamais pu approcher cet oiseau lorsque son conjoint était à proximité). À partir du moment où les terribles cacatoès ont commencé à changer leur perception, tous les autres ont rapidement emboîté le pas.
Le reste de la journée fut utilisé à jouer et s’amuser avec tous ces perroquets qui, en quelques heures seulement, passés du statut de gang de rue à celui de psittacidés de bonne famille.
À ce jour, humains et oiseaux continuent à vivre dans la plus parfaite harmonie, tous mangent à la table et partagent indifféremment ce grand territoire collectif qu’est la maison. Les comportements grégaires et la joie de vivre ont repris leur place et leur droit dans la maisonnée et les oiseaux se coulent doucement leur vie de perroquet.
Cette situation au déroulement heureux et prévisible aurait pu avoir des conséquences beaucoup plus tragiques. En effet, lors de l’ouverture du dossier, à la question: Avez-vous déjà tenté de régler ce problème?, qui suit la question: Considérez-vous que votre perroquet a développé un ou plusieurs problèmes de comportement?, nous avons appris que ces clients avaient déjà reçu à leur domicile une "consultante en comportement aviaire" qui, suite à son évaluation de la situation, avait "conseillé" au couple d’isoler les cacatoès à œil nu au sous-sol comme résolution au conflit. Pas de cacatoès dans la cuisine et salle à manger = élimination du problème.
Heureusement que les clients ont eu assez de bon sens (et
d’amour de leurs oiseaux) pour ne pas mettre à exécution cet
expéditif, mais néanmoins insidieux, "conseil". Imaginez les
dégâts...
Il faut toujours se méfier des "conseils" de cet ordre lorsqu’il
est question d’exclusion des oiseaux pour mettre un terme à une
situation déplaisante. La marginalisation ici n’aurait fait
qu’amplifier la perception d’insécurité qui était ici le moteur
des comportements "weirds" de ces oiseaux.
Aucun perroquet ne mérite qu’on le prenne à parti en l’excluant
de son groupe social. C’est le chemin le plus direct pour
l’enfoncer (encore plus) vers le "côté noir de la force",
c'est-à-dire les problèmes dus à l’anxiété.
Il ne s’agissait ici que de modifier les représentations des
oiseaux face à leur environnement et de les ramener à un niveau
normal, contrôlé et réaliste.
En quelques heures, nous avons réussi à modifier la pensée des
oiseaux en modifiant surtout celle (trop toxique) des humains.
Depuis, les clients savent qu’ils doivent interagir de façon positive avec leurs oiseaux et, par le biais de jeux-exercices amusants, maintenir les bonnes dispositions de ces derniers face au respect des règles de conduite à l’intérieur du groupe social.
Une histoire qui somme toute finit bien!
© Johanne Vaillancourt 2005
Photos
Monsieur Magoo et Maggie, cacatua sanguinea, CAJV
Kali et Gazou, psittacus erithacus erithacus, CAJV
Flocon, cacatua alba, CAJV
Picasso, ara severa, CAJV