Administrer une médication par voie orale à un perroquet

par Kym Le Cault TSA

Perroquet gris d'Afrique désensibilisé à la seringue.

Peut-être un jour devrez-vous administrer des médicaments par voie orale à votre perroquet à la maison. Aussi anodin que cela puisse paraître, il y a une façon bien particulière de procéder à cette administration. Je vous la décrirai au cours de ce texte, mais je vous suggère tout de même de demander une démonstration à votre vétérinaire ou à votre technicien(ne) en santé animale à votre clinique vétérinaire. La technique est très importante à respecter pour éviter ce que l’on appelle la pneumonie par aspiration.

La pneumonie signifie une inflammation du poumon. Elle pourrait être le résultat d’une infection, mais la pneumonie par aspiration dont il est question ici, est le résultat de l’infiltration du médicament dans les poumons. Il vous faut savoir que c’est une condition médicale très difficile à traiter et que nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour l’éviter.

Bien entendu, un perroquet peut, au même titre qu’un autre animal ou un humain, s’étouffer par exemple avec de la nourriture ou un morceau de jouet qu’il aurait ingéré et qui aurait malencontreusement "passé dans le mauvais trou", et malheureusement, personne n’est à l’abri de cette situation-là. Par contre, je vous suggérerais, pour tenter d’éviter le plus possible ces situations, de laisser l’oiseau tranquille lorsqu’il mange, de ne pas le stimuler à bouger ou crier, ainsi qu’à toujours vous assurer que ses jouets sont intacts et qu’il n’y a pas de petits bouts qu’il pourrait facilement arracher et ingérer. Si tel est le cas, le jouet devrait être retiré et remplacé. Certains perroquets aiment déchiqueter leurs jouets (certains jouets sont d’ailleurs prévus à cette fin; par exemple, les petits morceaux de bois entourés de papier, les jouets avec lacets de cuir) et cela est normal et stimulant pour l’oiseau. Dans ces cas-là, il faut tout simplement observer votre perroquet et vous assurer qu’il n’avale pas les morceaux en question. S’il les ingère, remplacez tout simplement le jouet par un autre plus solide. Je vous réfère ici aux textes disponibles sur ce site (accessoires) concernant les jouets sécuritaires pour de plus amples informations.

Tentez d'éviter les stress au perroquet lors de l'administration d'un médicament.

Donc, lorsque vous devez administrer une médication par le bec à votre oiseau, il faut en premier lieu tenter de lui éviter, dans la mesure du possible, toute forme de stress. Ne lui administrez pas le médicament pendant qu’il crie, qu’il s’énerve ou s’il est effrayé par la seringue ou la serviette que vous utiliserez si vous devez faire une contention (je vous réfère à la partie du livre "Le perroquet, touchers et manipulations" de Johanne Vaillancourt qui traite de la façon de désensibiliser l’oiseau à la serviette). Pour ce qui est de la seringue, vous pouvez procéder de la même façon que pour la serviette pour désensibiliser l’oiseau à celle-ci (la laisser à la portée de l’oiseau pour qu’il la manipule, sans la briser bien entendu, et qu’il cesse d’en avoir peur). Si vous avez déjà l’habitude de nourrir votre perroquet à la seringue avec de la pâtée d’élevage, la seringue ne devrait pas être un problème et, en plus, vous pourrez mélanger les médicaments avec cette pâtée ou avec tout autre aliment liquide que votre oiseau aime pour les lui faire prendre plus aisément (informez-vous tout de même à votre vétérinaire si l’aliment que vous désirez utiliser à cette fin peut être mélangé au médicament en question). Dans le cas où vous utilisez la serviette, vous devez tenir l’oiseau en position droite (tête et corps). Vous introduisez ensuite l’extrémité de la seringue (celle par où le médicament sort…) dans la partie avant de son bec pour tenter autant que possible de déposer le médicament en avant de la langue de l’oiseau (il s’écoulera en partie en dessous de celle-ci dans la partie creuse du bec et l’oiseau récupérera le médicament avec sa langue puis l’avalera par petites gorgées).

Il faut à tout prix éviter d’aller porter le médicament vers le fond du bec au niveau de la gorge pour éviter qu’il pénètre dans les voies respiratoires et que l’oiseau s’étouffe. En ce qui concerne le volume à administrer, il faut y aller par petits coups lorsque le volume est important (gardez toujours en tête la grosseur de l’oiseau pour évaluer si le volume est grand ou petit: 0,10 ml est un petit volume pour un perroquet comme un caïque, par exemple, mais c’est un gros volume pour une petite perruche ondulée). En général, les doses à administrer par le bec sont petites. À mon avis, lorsque nous avons affaire à des petits oiseaux (calopsittes, inséparables, perruches moines, meyers, petits conures, etc.), lorsque le volume à administrer dépasse 0,02 ml, il faut le donner en plusieurs fois à raison d’environ 0,02 ml par fois. Lorsque l’oiseau est très petit (serins, pinsons, perruches, rossignols, etc.), je suggère de donner 0,01 ml à la fois. Quand vous avez affaire à des gros perroquets (gris d’Afrique, cacatoès, gros conures, éclectus, amazones, aras, etc.), je considère que le volume est gros quand il se situe entre 0,50 et 1,0 ml, dépendamment s’il s’agit d’un Cacatoès Goffin ou d’un Timneh par exemple par rapport à un ara Hyacinthe. Pour être sécuritaire, je suggère de donner le médicament en plusieurs fois dès que le volume atteint 0,50 ml.

On administrera à un  petit perroquet un volume de médicament plus faible.

Évidemment, que vous ayez affaire à un gros ou un petit perroquet, cela ne veut pas dire que, si vous dépassez de peu les volumes décrits plus haut, l’oiseau va s’étouffer. Certains trouveront peut-être d’ailleurs que j’exagère, mais je préfère être prudente. Ce sont des mesures de prévention qui pour moi sont les plus sécuritaires possible et il s’agit de ma façon de procéder lorsque j’ai des médicaments à administrer par le bec. Il vous sera parfois nécessaire selon le tempérament de votre oiseau de lui laisser une pose entre les doses si vous devez vous y prendre en plusieurs coups, car il refusera peut-être d’avaler. J’ai vu des perroquets qui déglutissaient seulement une fois que je les déposais. Vous verrez comment votre oiseau réagit et vous vous ajusterez dans cette direction. Il y a aussi beaucoup de perroquets pour qui la contention ne s’avérera pas nécessaire. Ils se tiendront sur leur perchoir ou sur un comptoir par exemple et vous pourrez procéder ainsi. Vous n’aurez qu’à vous assurer qu’il est en position droite, introduire la seringue dans son bec comme décrit plus haut et lui donner le médicament. Il y a certains oiseaux qui tenteront de se détourner de la seringue. Lorsque c’est le cas, vous pouvez, si l’oiseau l’accepte, poser une main délicatement sur le côté de sa tête (vers où l’oiseau se tourne) pour l’empêcher de détourner celle-ci et introduire la seringue de l’autre côté. Le mot d’ordre ici: LA PATIENCE!!!

En procédant de cette façon, vous mettez toutes les chances de votre côté pour éviter les problèmes. Il ne faut jamais forcer un perroquet récalcitrant à prendre un médicament contre son gré. Cela ne lui occasionnera que du stress et c’est à ce moment-là que les problèmes peuvent survenir. Vous devrez trouver la façon qui convient à votre oiseau et le désensibiliser si nécessaire. Dans le cas où vous savez avoir un perroquet pour qui il sera difficile, voire impossible, d’administrer des médicaments par la bouche, vous pouvez demander à votre vétérinaire s’il existe une formule que vous pouvez mettre dans l’eau. Dans bien des cas, cela est possible. Il vaut mieux procéder de cette façon avec certains perroquets (souvent les petits oiseaux stressés comme les pinsons, serins, rossignols, etc.). Il s’agit d’une méthode un peu moins efficace dans le cas où le perroquet a besoin d’un traitement plus agressif, mais c’est tout de même mieux que rien du tout.

 

 

© Kym Le Cault 2007

 

Photos
Zahra, gris d'Afrique (psittacus erithacus erithacus), Sylvie Laroche
Caro, gris d'Afrique (psittacus erithacus erithacus), CAJV
Virgule, inséparable (agapornis), Nancy Boisvert